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La curiosité est parfois un très mauvais défaut (et souvent
une qualité, faut pas se mentir)
Quand je suis toute seule, mon grand jeu consiste à écouter les gens. Car j’aime bien écouter les gens, saisir au vol des expressions, surprendre des morceaux de conversations, tenter d’imaginer la suite ou le début de l’histoire (bon, ça, c’est le grand jeu avec Mr Big)…bref, je suis une écouteuse à défaut d’être une voyeuse car je suis bigleuse. Du reste, souvent je rate des trucs visuels incroyables. Alors pour équilibrer les choses et profiter de la vie, j’écoute.
Grand mal m’a pris samedi dernier, dans la file de la caisse au Monoprix (où M. A. n’était pas). Tranquillement, et en toute impunité, je me laissais aller à mon sport préféré, une oreille traînant à droite, une oreille traînant à gauche (ce sont mes oreilles internes qui déconnent pas mes oreilles « normales »). Quand subitement, deux dames ont commencé à causer d’un ton grave et léger à la fois (!). Horreur ! J’ai eu le droit au récit très détaillé de la grave maladie du mari de l’une d’elle. Impossible de fuir (j’étais là pour assouvir une grosse envie de jus de tomate et impossible d’y renoncer par cette chaleur). Impossible de fermer mes oreilles. Plus la conversation avançait, plus les détails les plus sordides étaient énoncés. Terrible flash-back.
J’ai alors trouvé une parade, j’ai chanté très fort dans ma tête pour faire cesser les voix. Mais depuis, lorsque je vais aux toilettes, je ne peux pas m’empêcher de penser à certains détails entendus malgré ma très grande force intérieure…l'horreur !!!
Rémi Cogghe, Madame reçoit, 1908, musée d’art et d’histoire de Roubaix