Paris, Ma Maison

Vendredi soir, j'étais chez moi ::: Je devais voir E. mais le boulot et la fatigue ont eu raison de notre virée à Aubervilliers ::: Parfois, je traverse le périphérique, parfois ::: J'étais chez moi quand E. est passé prendre une infusion, celle rapportée d'Israël ::: Avec E., on a parlé d'E., de la vie, de l'amour ::: A 20h, E. m'a dit qu'il partait ::: A 21h, E. est parti ::: A 21h29, E. m'appelé pour me dire qu'il avait entendu des coups de feu, dans la rue, en bas de chez lui, dans la rue, en bas de notre ancien chez nous, dans la rue, en bas de mon ancien chez moi ::: E. a couru, comme tout le monde ::: Dans le sens inverse de chez lui ::: E. a trouvé refuge puis il est rentré chez lui dans le bruit des sirènes ::: On a discuté, on a imaginé un réglement de compte, comme à Belleville il y a quelque temps ::: On a rigolé ::: On a plaisanté ::: E. a avoué avoir eu très peur ::: "Pour rien finalement" ::: 20 minutes après, E. m'a envoyé un lien vers un premier article, puis un deuxième, puis un troisième, and so on... ::: On n'a plus rigolé ::: On n'a plus plaisanté ::: J'ai eu très envie de serrer E. dans mes bras ::: J'ai eu très envie de serrer E. dans mes bras ::: La nuit fut courte ::: Le réveil avec un relent de gueule de bois sans la joyeuse ivresse ::: Tout mon monde est complet, il ne me manque personne ::: Tout mon monde est pulvérisé, il me manque tous ceux qui ne sont plus en terrasse, à boire, discuter et à fumer, tous ceux qui ne sont plus en train d'attendre pour récupérer leurs manteaux au vestiaire du Ba-ta-Clan, tous ceux qui ne seront pas là vendredi soir prochain ::: Alors, je suis en terrasse, à boire et à discuter, je vais peut-être même me mettre à fumer pour la mériter cette terrasse ::: On leur doit ça :::