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Une exposition qui n’en est pas vraiment une
Hier, après un déjeuner champêtre en plein Paris dans un lieu tenu secret en compagnie de la nouvelle travailleuse, petite virée dans le 7e pour voir l’expo « Crime*et*châtiment » ::: Que dire…que dire… ::: Certains sujets ne se prêtent pas à l’exercice de l’exposition ? ::: Probablement ::: Certains très bons sujets doivent se contenter d’être l’objet d’épais volumes bien documentés et agrémentés de quelques représentations picturales ::: Ou alors, il manque sérieusement de panneaux explicatifs et didactiques à l’entrée de chacune des salles de cette exposition ::: En gros, si le propos est très ambitieux et passionnant, le visiteur (= moi) ne peut pas véritablement en saisir l’essentielle substance s’il ne parcourt pas l’ensemble avec le commissaire (ou à défaut, le volumineux catalogue à la main) (et je n’avais ni l’un ni l’autre) ::: Tous les enjeux historiques et politiques de la notion de crime, de justice ou de la peine de mort sont submergés par des représentations toujours plus atroces mais qui satisfont nos petits penchants voyeuristes ::: Certains thèmes retenus ne se justifient pas véritablement (les brigands ? oui, mais encore ?) et ne sont que le prétexte à réunir dans une salle un choix d’œuvres d’intérêt quelconque tant sur le plan artistique qu’historique alors que le graveleux est quant à lui bien illustré ::: En revanche, d’autres thématiques plus complexes et bien traitées ne sont développées par le moindre texte ::: On sent bien alors l’intérêt du sujet mais rien ne permet de nourrir vraiment la réflexion (cf. l’évolution de la représentation de Charlotte Corday, d’abord figurée en traîtresse puis progressivement en sainte) ::: Le terrifiant et le sordide ont toujours passionné les foules, en témoignent les nombreuses représentations de martyres commanditées par le pouvoir religieux au cours des siècles (cf. ma non-thèse) progressivement supplantées par celles des faits-divers (cf. la salle des « canards et apaches ») et plus présentement par les émissions comme « Faites entré l’accusé » (du reste, je m’attendais presque à voir le présentateur surgir avec son blouson de cuir) ::: Bref, le Mal c’est mal mais il a, et ce de tout temps, inspiré les artistes et les écrivains (criminels aux désirs inassouvis) dont les œuvres nourrissent nos propres pulsions (insatiables mais contenues pour le plus grand nombre d’entre nous) ::: Bon, je noircis un peu le tableau (hahahah) ::: Dans les dernières salles, l’histoire judiciaire est plus clairement évoquée grâce notamment à une riche documentation (loin d’être artistique) ::: À vous de voir :::
(illustration : Henri Meyer, François-Louis Méaulle, Le drame des Ternes, Supplément illustré du Petit Journal, 1892, Impression en couleurH. 45 ; L. 31 cm, Paris, MuCEM, Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée)